Biographie
Arthur Stieber [1] est né le 28 mars 1908 dans une famille d’agriculteurs de Furdenheim dans le Kochersberg, en Alsace. Il restera toute sa vie très attaché à ce riche terroir agricole où il commence ses premières prospections dès l’adolescence. Son intérêt pour l’archéologie débuterait dans les années 1920 et se poursuivrait sans interruption notable jusqu’en 1982, d’après les dates mentionnées dans ses carnets de terrain.
Il obtient un diplôme d’ingénieur-chimiste en 1929, puis soutient une thèse de doctorat en sciences à Paris en novembre 1933. Sa seconde thèse, « Mesure de la température de fusion des éléments très réfractaires », fondée sur le rayonnement, sera mise à profit ultérieurement pour l’élaboration d’une méthode de prospection archéologique. En 1936, il s’inscrit aussi en thèse de doctorat en Lettres à l’Université de Strasbourg en prenant comme thème de recherche l’occupation du sol sur les terrasses de loess dans la région du Kochersberg à l’époque néolithique.
En octobre 1950, il entre comme stagiaire au CNRS sous la direction de Paul Wernert, directeur des Antiquités préhistoriques d’Alsace, avec pour mission d’assurer la surveillance archéologique des travaux d’aménagement (en particulier lors des travaux d’installation de réseaux d’assainissement et d’adduction d’eau potable dans les communes du Bas-Rhin). Il continue également ses prospections dans le Kochersberg. Ce prodigieux travail, mené systématiquement durant de longues années et complété par le dépouillement des sources documentaires, lui permet de localiser plus d’un millier de nouveaux emplacements archéologiques datables de la Préhistoire aux Temps modernes.
Devenu attaché de recherche au CNRS, il y mène toute sa carrière d’octobre 1952 à mars 1973. Dans ce cadre, il est chargé plus particulièrement de l’établissement d’un fichier général des découvertes faites dans le Bas-Rhin, travail qui doit aboutir à une carte archéologique pour ce département. A. Stieber est aussi l’auteur d’une méthode de prospection particulière, la « pédophysique » issue de ses connaissances de chimiste et fondée sur le rayonnement du sol. Grâce à diverses subventions du CNRS, il se dote d’un matériel de plus en plus performant qu’il va expérimenter, avec plus ou moins de succès, tout au long de ses prospections de terrain.
Après son décès en 1985, sa collection et ses archives restent conservées pendant une quinzaine d’années dans sa famille. C’est en 1999 que l’ensemble de cette vaste documentation scientifique et du mobilier archéologique associé fait l’objet d’un important don de la fille d’A. Stieber, Madame Vogel, au Musée archéologique de Strasbourg. Les archives documentaires (carnets, plans, relevés, photographies…) ont été remises par le musée au Service régional de l’archéologie (SRA) d’Alsace, afin que les innombrables informations inédites qu’elles contiennent puissent être exploitées dans le cadre national de la carte archéologique.
Arthur Stieber, surnommé « Knochedokter », a notamment étudié un fond de cabane mérovingien découvert à Furdenheim en octobre 1953 au moment de la construction de l’école maternelle. A cet endroit se trouvait un village mérovingien, dont le cimetière se trouvait à quelques 200m au sud-est de cette découverte.
En 1962, il retrouve une fosse du néolithique au lieu-dit « Unterfeld im Hintergrün » avec un important lot d’outils (silex, flèches, faucille) et quelques 300 pièces décorées (tessons).
[1] C. COURTAUD, I. LESUEUR, S. MORINIÈRE, J. RÉMY, B. SCHNITZLER, M. STAHL, G. TRIANTAFILLIDIS, « Un projet collectif de recherche autour du fonds Arthur Stieber », Archimède [En ligne] 2, 2015, p. 66-77. Mis en ligne le 24/11/2015. URL : https://archimede.unistra.fr/revue-archimede/archimede-2-2015/archimede-2-2015-dossier-un-projet-collectif-de-recherche/